Hausse du gaz de 5,8 % au 1er avril
Consommateurs de gaz, préparez vos chéquiers. Bercy a donné son feu vert mardi à une hausse moyenne de 5,8% des tarifs à partir du 1er avril prochain. Pour les particuliers, l’augmentation s'élève à plus 5,4%. Au total, votre facture aura bondi de 18% en cinq mois. GDF réclamait beaucoup plus, pour répercuter l'envolée des coûts d'approvisionnement. Le gouvernement promet une réforme de la modification des prix dans l'avenir.
Le groupe de travail
chargé d’analyser le marché du gaz
l’a proposé. Et le ministre de
l’Economie l’a accepté mardi (21 mars).
Ce n'est pas une farce : les tarifs vont augmenter de 5,8% en moyenne
à partir du 1er avril prochain. Une hausse qui vient
s’ajouter aux 18% d’augmentation
autorisée par le gouvernement depuis le 1er juillet 2005.
Pour les particuliers qui utilisent le gaz pour se chauffer, la hausse
sera légèrement plus faible, de 5,4%. Bercy va
soumettre cette proposition à la Commission de
régulation de l'énergie (CRE), dont l'avis n'est
qu'une formalité.
Gaz de France réclamait une augmentation inférieure
à deux chiffres, mais nettement
supérieure au 5,8% annoncé par le gouvernement.
GDF, à la veille de sa fusion avec Suez, voulait 8,1%. Une
manière de rattraper le retard accumulé depuis
2004. Nicolas Sarkozy, alors ministre des Finances, avait
limité la hausse des tarifs en novembre 2004 à
5,2%, alors que le groupe gazier réclamait deux fois plus.
En novembre 2005, l'entreprise avait dû consentir une
ristourne de 25 euros à ses 11 millions
d'abonnés. Au 1er janvier, le gouvernement refuse encore une
fois l'augmentation des tarifs. Gaz de France affirme que cela lui a
fait perdre 750 millions de recettes. Un chiffre que conteste la
commission sur les tarifs du gaz, qui parle plutôt de 380
millions d'euros, et qui a l'intention de mettre encore quelque mois
pour étudier les moyens de dédommager GDF.
Vers des
aménagements
Pour Bercy, "la hausse de
tarif sprévue au 1er avril 2006 reflète le niveau
actuel et à terme des coûts d'approvisionnement du
gaz". La dernière hausse remonte au 1er novembre 2005.
L'augmentation de 12% avait été
atténuée pour les cinq mois d'hiver par divers
gestes commerciaux, réduisant au final l'augmentation pour
les ménages à 3,8% en moyenne jusqu'à
fin mars. Malgré ces gestes, la note de printemps est
salée, consécutive à la hausse du
pétrole - le prix du gaz est alignée dessus. Les
cours du brut dépassent aujourd'hui les 60 dollars le baril.
Cette hausse du prix du gaz juste à la fin de l'hiver risque
d'être mal perçue par les usagers au moment
même où le gazier affiche un
bénéfice 2005 "historique" de 1,743 milliard
d'euros. L'association CLCV (Consommation, logement et cadre de vie) a
fait part de son opposition à la nouvelle hausse des prix du
gaz.
La commission sur les tarifs propose une nouveauté : les
tarifs ne seraient plus révisés tous les
trimestres - ce qui provoque un psychodrame à chaque fois -,
mais seulement une fois par an, le 1er juillet, à la veille
des vacances - ce qui peut sembler plus discret. La CRE explique aussi
que la fixation des prix du gaz reposait depuis plus d'une dizaine
d'années sur une formule "mathématique et
économétrique" qui n'a jamais
été répercutée telle quelle
par les gouvernements successifs. D'autre part, elle recommande le
maintien des tarifs régulés au-delà de
la date du 1er juillet 2007, dernière étape de
l'ouverture à la concurrence des marchés du gaz
en Europe qui permettra aux particuliers de choisir leur fournisseur.
La commission souhaite enfin l'adoption de mesures
spécifiques pour les plus démunis, "s'inspirant
des dispositifs mis en place par EDF".
L.Farge avec Philippe Roy-Contancin